samedi 2 juin 2007

« Le Pays Basque a des choses à dire... »

Article paru dans le Journal du Pays Basque le Samedi 2 Juin 2007

C’est en Septembre 2006 que je me suis installé au Pays Basque pour suivre une formation d’ éducateur spécialisé à Ustaritz. Au départ, c’est l’étonnement et l’incompréhension : je trouve seulement un appartement minuscule avec un loyer hors de prix pour un étudiant. Même à USTARITZ, beaucoup d’ appartements sont indisponibles sous prétexte que les propriétaires préfèrent louer à des touristes plutôt qu’à des jeunes résidant à l’année. Et puis, et puis… je regarde autour de moi et je vois : des maisons avec une esthétique particulière, de beaux paysages mais aussi des panneaux signalétiques où certains noms de villes et villages sont barrés de bombe noire, et puis un jour… en bas de mon ancien appartement, au fronton du Labourd d’Ustaritz une fête, San Pantzar, au cours de laquelle, se déroule une pièce de théâtre : un radar automatique en carton, un abbé, un jeune homme avec une veste en mouton, des enfants, des adultes, des « papis » ou des « mamies » déguisés… tous rassemblés pour danser, chanter, et revendiquer.

Ce que j’ai pu constater, ce soir-là, c’est que le Pays Basque a des choses à dire...

C’est ainsi, au cours de cette fête, que j’ai pu rencontrer des jeunes de mon âge qui m’ont fait confiance, et fait découvrir un pan de la réalité politique : celui de l’éloignement des prisonniers.

De ma position de nouvel arrivant, issu de la Haute Garonne et des Hautes Pyrénées, je ne savais rien.

Hors du Pays Basque, les représentations vont bon train : on parle à son propos de la difficulté d’intégration pour les nouveaux venus... Ce dont j’ai pu me rendre compte, c’est avant tout de la présence d’un peuple qui a des racines et qui compte bien les conserver tout en sachant accueillir les nouveaux arrivants.

Ce processus d’intégration peut débuter, comme pour moi, grâce à des rencontres magiques dans des milieux festifs. Cela nécessite seulement que les nouveaux arrivants éprouvent un tant soit peu de respect pour ce pays et sa culture.

Reste que ce processus d’intégration risque d’être fortement compromis dans son déroulement par les difficultés pour les jeunes, nouveaux arrivants ou pas à se loger.

Et le logement n’est pas le seul problème !

Aujourd’hui, je me rends compte que le Pays Basque n’est pas reconnu par l’Etat Français : il n’a même pas un département !

Les jeunes d’ici doivent se battre pour que l’Euskara perdure, pour maintenir le lien avec leur peuple séparé par une frontière imposée…

Ils doivent aussi se battre pour les droits des prisonniers Basques, à savoir le rapprochement et le statut de prisonnier politique.

Mais la militance de ce pays, ne s’arrête pas là. J’ai rencontré près de Saint Just - Ibarre des jeunes agriculteurs qui tentent de s’opposer aux cultures transgéniques…et d’autres jeunes encore au sein des gaztetxe – Saint Just-Ibarre, Biarritz, Ustaritz… - qui font en sorte de proposer des soirées culturelles accueillant des gens de tous horizons et de tous lieux, des soirées de soutien à des petits journaux, des soirées de solidarité et des soirées délirantes.

Bref, j’ai rencontré un peuple engagé, ouvert et solidaire.

Je ne suis pas inscrit sur les listes électorales ici puisque je suis étudiant, mais EUSKAL HERRIA BAI m’a donné envie de voter au Pays Basque. Je soutiens totalement cette coalition, parce qu’elle s’engage à maintenir et développer non seulement la culture et la langue mais parce qu'elle a aussi un projet social et économique et un véritable souci pour la jeunesse.

Jean Philippe TORRES

USTARITZ